Mannequins : taux de graisse corporelle et standards de beauté en question !

En France, un mannequin doit désormais présenter un certificat médical attestant d’un indice de masse corporelle suffisant pour exercer. Cette exigence légale, entrée en vigueur en 2017, vise à limiter la promotion de la maigreur excessive dans l’industrie de la mode. Pourtant, certaines agences contournent la réglementation en recrutant à l’étranger ou en privilégiant les castings virtuels.Les mannequins « plus size » gagnent en visibilité sur les podiums, mais restent minoritaires dans les campagnes internationales. Les critères de sélection varient fortement selon les marchés, créant un écart marqué entre la législation, la réalité économique et les attentes des grandes marques.

Corps idéalisés : comment la mode façonne les standards de beauté

Les standards de beauté se forgent à la lumière crue des défilés et sous l’objectif pointu des photographes. Les mannequins incarnent une certaine minceur, incontournable depuis les années 90. Le taux de graisse corporelle devient un critère scruté, presque affiché. Ici comme ailleurs en Europe, la mode ne propose aucun compromis : ventre plat, jambes longues, épaules affinées.

Dans les magazines féminins, les silhouettes semblent s’étendre à l’infini. Les retouches numériques gommant la moindre courbe, jusqu’à faire disparaître la réalité du corps féminin. Sur les réseaux sociaux, la tendance s’intensifie : place à la perfection lisse, à la minceur extrême, à une esthétique filtrée par l’algorithme. Les magazines masculins, eux, imposent leur propre idéal : muscles dessinés, peu de graisse, virilité affichée.

Pour mieux cerner l’influence de ces images sur la société, on peut distinguer plusieurs mécanismes :

  • La perception du corps se modèle sur ces références omniprésentes.
  • Les normes sociales évoluent, mais la pression liée à l’apparence physique reste profonde.

Le taux de graisse s’impose alors comme un objet de surveillance, de conversation, parfois d’injonction. Dans les agences de mannequins, la composition corporelle est passée au crible. Et dans la société, chacun se questionne : jusqu’où faut-il chercher à mincir ? Les corps adoptent ou refusent ces attentes, tandis que les regards oscillent entre fascination et réticence.

Plus size, un mouvement en rupture avec les normes traditionnelles ?

Progressivement, la diversité corporelle gagne du terrain. À Paris, la mode ouvre timidement la porte à d’autres silhouettes. Les mannequins plus size foulent les podiums, s’affichent sur quelques affiches, décrochent certains contrats. Leur tour de taille s’écarte franchement du profil classique. Les gabarits se font plus variés, les mensurations s’affranchissent d’un strict modèle. Les agences élargissent leur catalogue, mais le fossé avec les standards ancrés n’est pas totalement comblé.

Derrière cette exposition, le discours body positive grandit. Sur les réseaux sociaux, de nouveaux visages attirent l’attention avec des formes assumées. En France, la curiosité domine : les magazines testent, tentant d’équilibrer nouveautés et prudence. Les standards de beauté se déplacent, lentement. Les campagnes changent, quelques corps sortent du rang, mais la révolution reste partielle.

Certes, l’acceptation du corps progresse, mais le débat sanitaire s’invite dans l’équation. Les défenseurs de l’ancien modèle invoquent la santé, la nécessité d’un équilibre. Le terme plus size continue de déchaîner les passions. Certains mannequins évoquent le changement de regard du public, mais pointent aussi la lenteur du bouleversement, la résistance des mentalités et la crainte que tout cela ne reste qu’une façade. Le doute demeure : cap sur un changement réel ou simple stratégie de communication bien calculée ?

Lois et encadrement : où en est la lutte contre la maigreur excessive chez les mannequins

Dans l’Hexagone, la lutte contre la maigreur dans le mannequinat se traduit par un encadrement légal unique en Europe. Depuis 2017, chaque mannequin doit être muni d’un certificat médical validant « un état de santé compatible avec l’activité », avec contrôle de l’indice de masse corporelle (IMC) selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. L’ambition est limpide : endiguer les abus et veiller sur le bien-être psychologique et physique des modèles, soumis à la pression constante du taux de graisse corporelle et de l’apparence.

Mais la législation ne s’arrête pas là. Depuis cette même année, toute photo retouchée modifiant la ligne du sujet (qu’il paraisse plus mince ou, à l’inverse, plus enveloppé) doit le signaler par la mention adaptée. Studios, journaux, marques : tout le secteur doit jouer le jeu. Les sanctions sont dissuasives. Pourtant, ce débat sur la légitimité de l’IMC perdure. Car cet indice reste incomplet : il évacue la question de la masse musculaire, ignore la diversité des silhouettes et réduit la santé à un calcul unique.

Des spécialistes réclament donc une évaluation plus poussée : analyse du pourcentage de graisse corporelle, suivi médical individualisé, prise en compte des parcours singuliers. Au sein des agences, la réflexion s’intensifie : faut-il trouver un nouvel équilibre entre exigences du secteur, prise en charge de la santé et représentation de la diversité corporelle ? La France expérimente, sous l’œil scrutateur de la scène européenne. Protéger les mannequins de la minceur extrême, c’est jongler entre textes de loi, examens médicaux et résistances bien réelles.

Mannequins variés avec homme regardant la mode

Vers une redéfinition des critères de beauté : enjeux, résistances et perspectives

La question de la santé mentale des mannequins, ignorée pendant des années, s’impose enfin. L’exposition continue à des standards de beauté irréalistes alimente une insatisfaction corporelle difficile à éteindre. Selon des études récentes, il existe un lien direct entre la valorisation extrême de la minceur et la montée des troubles alimentaires comme l’anorexie, la boulimie ou l’orthorexie, que ce soit dans le monde du mannequinat ou chez le grand public. Les réseaux sociaux, véritables accélérateurs de tendances, brouillent les frontières : on voit défiler conseils de compléments, offres de chirurgie, routines de fitness, tout se mélange au nom du bien-être… ou de la transformation à tout prix.

Le milieu reste frileux. Une partie du secteur continue à promouvoir le même idéal : corps sculpté, images corrigées, normes figées. Cependant, une bascule s’annonce. Les campagnes célébrant la différence se répandent, de plus en plus de voix militent pour l’acceptation de tous les corps. Certaines agences commencent à ajuster leur sélection, en intégrant la santé, la composition corporelle et l’estime de soi dans leurs critères. Côté marques, la démarche oscille entre conviction sincère et stratégie bien rodée.

Plusieurs pratiques émergent dans ce paysage en recomposition :

  • Compléments alimentaires : en pleine explosion, vendus comme solutions rapides à tous les maux
  • Chirurgie esthétique : plus accessible et désormais banalisée pour coller à l’image du moment
  • Activité physique : encensée pour ses atouts mais parfois instrumentalisée comme outil de contrôle du corps

Peu à peu, la France réinvente ses critères de beauté : rien ne reste gravé. Entre poids de l’histoire, nouvelles aspirations, et envie d’ouverture, la transformation avance, imprévisible. Un miroir social qui change d’angle, bouleversant l’image que chacun renvoie et reçoit. Les corps n’ont pas fini de s’émanciper des vieux modèles, ni de tester leurs propres frontières.

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