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Pays consommateurs de marques de luxe : les principaux acheteurs mondiaux

Un ralentissement brutal de la croissance, voilà ce que les chiffres de 2023 imposent au secteur du luxe. Loin de l’euphorie passée, le marché s’ajuste, se redessine, et les centres de gravité changent de place. Tandis que la Chine, autrefois reine, cède du terrain, de nouveaux acteurs s’invitent à la table, et les mastodontes européens se montrent plus prudents. Les cartes sont rebattues, les habitudes aussi.

Crise dans le secteur du luxe : état des lieux et causes profondes

Le secteur du luxe traverse une période mouvementée. Selon Bain & Company, le marché mondial du luxe a franchi la barre des 350 milliards d’euros en 2023. Pourtant, l’élan s’essouffle. Après une décennie d’ascension quasi ininterrompue, même les plus grands doivent revoir leurs plans. LVMH, leader absolu, affiche un chiffre d’affaires de 84 milliards d’euros en 2024, mais la prudence est de mise chez les observateurs.

Plusieurs facteurs se conjuguent : une inflation persistante, des vents contraires en Chine, une instabilité géopolitique tenace, et des consommateurs qui affinent leurs critères. En Europe et aux États-Unis, la clientèle traditionnelle devient plus sélective. Les marchés émergents progressent, sans pour autant compenser la baisse de régime asiatique. Face à cette demande fragmentée, les maisons historiques jonglent avec les incertitudes et réajustent leurs stratégies.

Panorama des acteurs

Trois grands groupes dominent le paysage mondial. Voici quelques exemples qui illustrent leur force :

  • LVMH cumule des griffes prestigieuses : Louis Vuitton, Dior, Fendi, Celine, Givenchy, Bulgari, Tiffany & Co., Guerlain, Sephora.
  • Kering s’appuie sur Gucci, Saint Laurent, Bottega Veneta, Balenciaga, Alexander McQueen, tout en poussant la mode durable sur le devant de la scène.
  • Richemont cultive l’élégance discrète avec Cartier, Van Cleef & Arpels, Jaeger-LeCoultre et Piaget.

Les maisons indépendantes comme Hermès (plus de 15 milliards d’euros en 2024) et Chanel privilégient la transmission familiale et le savoir-faire d’exception. Dans cet environnement, chaque détail compte : stabilité, capacité à innover, maîtrise des chaînes d’approvisionnement. Les rapports de Bain & Company et du Boston Consulting Group pointent la nécessité, pour tous, de réinventer l’expérience client, la distribution, et la désirabilité. Une ère d’incertitude fertile s’ouvre pour le secteur du luxe.

Quels pays restent les principaux acheteurs de marques de luxe malgré les turbulences ?

Sur le podium, les États-Unis tiennent leur rang. La passion pour le luxe résiste à toutes les tempêtes économiques. Sur la 5e Avenue, les files devant les maisons Vuitton ou Chanel ne désemplissent pas : là-bas, acheter du luxe est un acte assumé, presque revendiqué. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les États-Unis occupent toujours la première place du marché mondial du luxe.

Vient ensuite la Chine, qui reste un acteur clé malgré les aléas économiques. Les consommateurs chinois demeurent décisifs dans la santé du secteur. Shanghai, Pékin, Hong Kong : ces villes concentrent la demande et l’influence. Même si le marché ralentit, le désir d’exclusivité et de distinction maintient la Chine sur le devant de la scène.

En troisième ligne, la France et la Corée du Sud se démarquent. Paris conserve sa place d’épicentre du raffinement et du savoir-faire. Les Coréens montent en puissance, s’approprient les boutiques et affichent une fascination pour les signatures françaises. Le Japon, fidèle à lui-même, reste un pilier grâce à une clientèle loyale et exigeante.

Marchés en émergence

Certains pays affichent désormais une dynamique nouvelle :

  • Vietnam et Inde voient une génération connectée et ambitieuse transformer les codes. L’accès digitalisé accélère leur montée en gamme.
  • En Afrique du Sud et au Mexique, les signaux de croissance se multiplient, bousculant la carte traditionnelle des acheteurs de luxe.

Vitrine de sacs et montres de luxe reflet de passants chics

Vers de nouveaux comportements d’achat : quels défis pour les marques de luxe à l’échelle mondiale ?

La digitalisation rebat les cartes du luxe. Les réseaux sociaux imposent leur rythme : Instagram, WeChat, TikTok font et défont l’aura des maisons. Les regards se tournent vers la Gen Z et les Millennials, à la fois moteurs et perturbateurs du marché. Plus question de vendre simplement un produit : il s’agit désormais de captiver, d’offrir un récit, de cultiver la rareté. Jacquemus enflamme les réseaux, Pharrell Williams insuffle une énergie nouvelle à Louis Vuitton, les collaborations deviennent des phénomènes viraux.

Le marché du luxe d’occasion connaît un essor fulgurant. Des plateformes comme Vestiaire Collective ou The RealReal dynamisent la revente. La croissance de la seconde main dépasse largement celle du neuf. Autrefois discrets, ces achats deviennent revendiqués. Notamment dans les pays émergents, la recherche d’authenticité, de durabilité et de valeur prend le pas sur la simple possession. L’expérience, la personnalisation et la traçabilité s’imposent comme les nouvelles normes.

Les géants du secteur, LVMH, Kering, Richemont, réinventent l’expérience client. Leur défi : concilier excellence, innovation et responsabilité environnementale. Kering creuse l’écart sur la mode responsable. Hermès et Chanel, eux, misent sur la stabilité et la transmission. Avec un marché mondial du luxe qui franchit les 350 milliards d’euros en 2023, l’industrie doit composer avec de nouvelles règles du jeu : exigences réglementaires, fiscalité renforcée, attentes d’une clientèle jeune, connectée et intransigeante.

Deux attentes majeures structurent désormais l’offre :

  • Personnalisation : la gravure sur-mesure, les expériences immersives en boutique… le sur-mesure s’impose comme standard.
  • Durabilité : de la traçabilité à l’utilisation de matériaux recyclés, la transparence de la chaîne d’approvisionnement devient un argument décisif.

Le luxe ne se contente plus de briller sur les podiums : il s’invente, se défait et se réinvente sans relâche, porté par des acheteurs plus exigeants et des marchés en pleine mutation. Nul ne sait quelle silhouette prendra la prochaine vague de désir, mais une chose est sûre : la course ne fait que commencer.